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Trophées de la sécurité : vue par un "tiers"
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Trophées de la sécurité : vue par un "tiers"
Une espionne aux "Trophées de la sécurité privée" ! Ou ce gala vue par un tiers ...
par sabine Blanc (http://sabineblanc.net/spip.php?article35 )
Les Trophées de la sécurité privée font partie de ces événements où un microcosme se donne à voir sans complexe, à tu et à toi. Je me suis glissée lundi soir à leur huitième édition, qui avait lieu au Casino de Paris. Le milieu de la sécurité privée est très hétérogène, du petit vigile de supermarché payé au lance-pierre au directeur de sécurité d’un grand groupe. Ce soir, l’ambiance était plutôt haut-de-gamme.
Une exception : la musique qui rappelait les pires heures d’un mariage de cousin lointain : Le Freak, c’est chic, Barry White, BO de Pulp fiction, Rita Mitsouko, en musique d’annonce, soulignée par des jeux de spots. Le tout contrastant avec les costumes du noir au gris souris en passant par l’anthracite et le bleu marine pour les plus audacieux. Une « soirée unique » avec « une mise en scène spectaculaire », qui a rempli le parterre soit 1 000 personnes environ.
La soirée comptait dans ses sponsors et partenaires les poids lourds habituels du secteur : syndicats patronaux siégeant au collège du Cnaps, un tout nouvel organisme mixte chargé de réguler la profession : USP, SNES, GPMSE... ; directeurs de sûreté/sécurité : CDSE, ARSIS... ; des boîtes : Veolia, Siemens...
Présence du délégué interministériel à la sécurité privée
Au premier rang, aux côtés de Claude Tarlet, le président de l’USP, étaient assis des représentants de l’Etat : le préfet Jean-Louis Blanchou, délégué interministériel à la sécurité privée, et Jean-Yves Latournerie, directeur du Cnaps (mais pas son président Alain Bauer). Il m’a semblé aussi voir Elisabeth Sellos-Cartel, adjointe à la DISP en charge de la « vidéoprotection » (en théorie. Ou alors elle a des problèmes pour gérer les mails des journalistes).
Jean-Louis Blanchou n’est pas à la tête de la DISP par hasard : il a été directeur de la sûreté et du management des risques d’Aéroport de Paris, administrateur du CDSE, ce qui fait qu’il « connait tout le monde, et ça [lui] facilite la tâche ». Et accessoirement, il a été condamné à une peine de 1000 € d’amende pour mise en danger de la vie d’autrui en 2010, suite à une altercation sur une autoroute.
La « co-production de la sécurité » avance
Cette présence traduit l’avancée de la notion de « co-production de la sécurité » depuis qu’elle a été introduite en 95 par Pasqua dans la LOPS. En résumé, le risque est devenu multiforme, poreux, le développement des espaces privés accueillant du public en masse (centres commerciaux, stades, etc) a aussi engendré de la délinquance. Pour répondre à cette nouvelle donne, il faut la « sécurité globale », un concept qui a fait florès après les attentats du 11 septembre. Comme l’Etat ne peut satisfaire toutes les demandes des citoyens pour lutter contre l’insécurité/sentiment d’insécurité, il doit déléguer et plus encore gérer la délégation.
La loi fondatrice de 83 devrait être revue l’année prochaine, comme l’a rappelé AEF Sécurité globale (ex - AISG) en introduction - bilan de l’année écoulée. Cette agence de presse spécialisée fait partie du groupe AEF, qui est détenu par Raymond Soubie, l’ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy. A la fin de la soirée, l’animateur de la soirée a demandé à Denis Fortier, le directeur de l’AEF, s’ils allaient faire « plein de communiqués demain ». Il a répondu en riant qu’ils feraient des dépêches « en toute indépendance, comme d’habitude ».
Sur la refonte de la loi de 1983, qui devrait arriver inch’allah au Parlement début 2014, Jean-Louis Blanchou a indiqué les points qui faisaient consensus : élargissement du champs des activités mais aussi coopération avec les forces de l’ordre. Claude Tarlet a clos le chapitre d’un « rien n’est figé », guère engageant.
Marché en hausse
On a aussi appris que le marché se portait mieux, avec un CA en hausse de 2,5% en 2012 pour la prévention-sécurité, selon un « confidentiel » tout frais de l’AEF, et que « tout ce qui a trait aux solutions technologiques marche bien ». Manuel Valls et ses forces de l’ordre 3.0 fantasmées dans le cadre des devoirs de vacances du gouvernement ne diront pas le contraire.
Les débuts du Cnaps ont également été évoqués, pour dire que la machine fonctionne bien dans l’ensemble, même si les délais de délivrance des cartes sont longs parfois. Ça marche même trop bien au goût de Guy Roulleau, président de Samsic Facility : « Lâchez un peu les grandes entreprises, on a déjà le fisc, la médecine du travail..., occupez-vous des petites entreprises », bref là où se concentre les problèmes notoires du secteur (travail au noir, entre autres). Il est vrai qu’en 2009, la SNCF n’a pas été pointée du doigt pour avoir fait travailler une entreprise dont certains salariés étaient sans-papiers.
Vient ensuite la présentation du jury, où l’on retrouve Dominique Legrand, le président de l’association nationale de la vidéoprotection (AN2V), un lobby de la vidéosurveillance très actif auprès des collectivités, Eric Delbecque, présenté comme « l’intellectuel » car il dirige le Département Sécurité Economique de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ, ex IHESI), un think tank public qu’une partie de ce petit milieu a fréquenté comme auditeur, voire plus, Alain Juillet, le président du CDSE, membre du Cnaps en tant que « personnalité qualifiée », etc. Alain Juillet a regretté qu’il n’y ait pas assez de femmes - 2% ? 3% ce soir ? - : « On va y arriver peu à peu, elles font ce métier aussi bien que les hommes. »
Histoire de convaincre la gente féminine que le milieu est sympathique, Jo Querry fera une fine plaisanterie. Jo Querry est un ancien grand flic qui est devenu responsable de la sécurité du groupe Accor, et il a été accusé d’avoir comploté contre DSK : « Que les féministes me pardonnent, j’aurais choisi une autre personne que Nafissatou Diallo, je n’aurais pas pensé qu’elle plairait à DSK. » Rires gras comme un paquet de chips dans la salle.
La remise des trophées a commencé par le titre de « meilleure innovation d’un grand groupe, d’une PME ou d’une start-up ». La présentation de chaque candidat était faite par Richard Olszewski, conseiller délégué à Roubaix et Lille Métropole, qui avait semble-t-il lu le dictionnaire des citations avant de préparer son texte. Par exemple : « les ennuis, c’est comme le papier toilette, on tire une feuille, il en vient plusieurs. »
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Le « robot mobile de surveillance » de la société Eos innovation, équipé d’une caméra.
Hypervision, panomorphisme, surveillance en continu
Ce premier prix a été l’occasion de disserter sur une des antiennes de la soirée, le couple homme-machine. L’avenir est aux solutions « globales et intégrées, mi-humain, mi-technologique », à la « surveillance en continu, souple et adaptable », qui participe à l’« hypervision », le début d’une « nouvelle ère ». Par exemple les caméras de Fujifilm font du « panomorphisme », en clair des images elliptiques. La société Vigie aviation a aussi été nommée, pour ses petits avions équipés de caméras qui filment en temps réel, et capable de passer sur certains territoires où les drones ne passent pas. Pour le moment, l’entreprise est plutôt orientée surveillance de la nature.
Dans cette optique, Siveillance™ Fusion de Siemens, « la solution conviviale pour améliorer et centraliser la sécurité de votre infrastructure en toute sérénité », une « technologie de pointe pour une sécurité globale », a été saluée comme « la passerelle vers le business de demain », .
Mais attention, « la technologie ne remplacera jamais l’homme, à qui il restera toujours l’analyse ». A se demander pourquoi on parle de vidéosurveillance intelligente. Peut-être parce qu’il faut « changer leur business model pour gagner encore plus d’argent » ?
Querelles de syndicats
Un clip de promotion de l’ANAPS a été diffusé ensuite. L’ANAPS est une alliance de syndicats patronaux lancés l’année dernière, entre autres poussée par le ministre de l’Intérieur qui voulait un interlocuteur unique. Une des images montre d’ailleurs Manuel Valls aux côtés de Claude Tarlet, se réjouissant de cette création. Claude Tarlet a pris la tête de l’ANAPS, ce qui n’a pas arrangé les relations avec le SNES, le grand rival, qui accuse l’ANAPS d’être un hydre bouffeur d’identité, une émanation de l’USP. Ce qui n’est pas faux puisque, comme le notait le blog 83-629 (à suivre si la sécurité privée vous intéresse), « sur 11 organisations, 4 sont issues directement de l’USP ! Donc l’ANAPS c’est pratiquement 40% des "organisations" adhérente issues de l’USP "pure" ! Les autres sont tellement spécifiques dans un pan de la sécurité privée, qu’elles n’ont aucune représentativité sur le sujet de la surveillance humaine, qui est le "moteur principal" du monde de la sécurité privée ! »
Le représentant du SNES a redit au micro qu’il garderait son autonomie. Ça n’empêchera pas l’ANAPS de faire ce pour quoi elle a été créée : « du lobbying, c’est indispensable, il faut être capable demain de peser au Parlement si des amendements ne vont pas dans le sens des entreprises. » Interrogé ce mardi au salon APS, Claude Tarlet m’a expliqué qu’il avait déjà « un cercle de parlementaires ».
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Claude Tarlet, le président de l’USP, le principal syndicat patronal
On a entendu aussi beaucoup le mot « incivilités ». La Poste a par exemple été nommée dans la catégorie « meilleur projet d’une direction sécurité d’une entreprise, d’une ville ou d’une administration publique » pour son action contre ces « incivilités ». La sociologue Carole Gayet-Viaud explique très bien dans cette interview les origines de ce terme fourre-tout, qui, comme la vidéosurveillance, est décliné à droite comme à gauche. Elle relève au passage : « les institutions qui accueillent du public (La Poste, les mairies, Pôle emploi) ont une responsabilité. L’association d’usagers de la ligne 13 vous dira que la possibilité d’être civils commence par celle de ne pas se monter les uns sur les autres dans le métro. »
Les vols de câbles, « un des grands maux de notre société aujourd’hui »
Il a aussi été question des vols de câbles, « un des grands maux de notre société aujourd’hui », selon Richard Olszewski. Pas la faim, pas la maladie, pas le suicide.
A noter qu’il y avait un trophée « meilleure démarche sociétale et citoyenne » (sic), remis par Eric Delbecque. « Il y a des gens qui disent que je suis un garçon détestable ». Pour montrer qu’il a de l’humour, Eric Delbecque a cité Audiard : « Un intellectuel assis va moins loin qu’un c** qui marche ». Et puis il a imaginé qu’Alain Juillet était Lino Ventura dans Les tontons flingueurs.
En conclusion, la sécurité de demain a été évoquée, avec des dynamiques membres du Club des Jeunes Cadres en Sûreté (CJCS) et Pierre-Antoine Mailfait, ancien commissaire, secrétaire général de l’USP, co-organisateur d’un colloque d’où sortira l’important Livre blanc de 2008 sur « la participation de la sécurité privée à la sécurité générale en Europe », préfacé par Nicolas Sarkozy.
Les drones sont revenus sur la table, qui « génère de l’emploi, a rappelé Denis Fortier, la législation est favorable, il existe un tissu de start-ups, c’est un marché gigantesque. Mais la France a dû acheter des drones américains ».
Un vrai espoir pour le redressement durable.
par sabine Blanc (http://sabineblanc.net/spip.php?article35 )
Les Trophées de la sécurité privée font partie de ces événements où un microcosme se donne à voir sans complexe, à tu et à toi. Je me suis glissée lundi soir à leur huitième édition, qui avait lieu au Casino de Paris. Le milieu de la sécurité privée est très hétérogène, du petit vigile de supermarché payé au lance-pierre au directeur de sécurité d’un grand groupe. Ce soir, l’ambiance était plutôt haut-de-gamme.
Une exception : la musique qui rappelait les pires heures d’un mariage de cousin lointain : Le Freak, c’est chic, Barry White, BO de Pulp fiction, Rita Mitsouko, en musique d’annonce, soulignée par des jeux de spots. Le tout contrastant avec les costumes du noir au gris souris en passant par l’anthracite et le bleu marine pour les plus audacieux. Une « soirée unique » avec « une mise en scène spectaculaire », qui a rempli le parterre soit 1 000 personnes environ.
La soirée comptait dans ses sponsors et partenaires les poids lourds habituels du secteur : syndicats patronaux siégeant au collège du Cnaps, un tout nouvel organisme mixte chargé de réguler la profession : USP, SNES, GPMSE... ; directeurs de sûreté/sécurité : CDSE, ARSIS... ; des boîtes : Veolia, Siemens...
Présence du délégué interministériel à la sécurité privée
Au premier rang, aux côtés de Claude Tarlet, le président de l’USP, étaient assis des représentants de l’Etat : le préfet Jean-Louis Blanchou, délégué interministériel à la sécurité privée, et Jean-Yves Latournerie, directeur du Cnaps (mais pas son président Alain Bauer). Il m’a semblé aussi voir Elisabeth Sellos-Cartel, adjointe à la DISP en charge de la « vidéoprotection » (en théorie. Ou alors elle a des problèmes pour gérer les mails des journalistes).
Jean-Louis Blanchou n’est pas à la tête de la DISP par hasard : il a été directeur de la sûreté et du management des risques d’Aéroport de Paris, administrateur du CDSE, ce qui fait qu’il « connait tout le monde, et ça [lui] facilite la tâche ». Et accessoirement, il a été condamné à une peine de 1000 € d’amende pour mise en danger de la vie d’autrui en 2010, suite à une altercation sur une autoroute.
La « co-production de la sécurité » avance
Cette présence traduit l’avancée de la notion de « co-production de la sécurité » depuis qu’elle a été introduite en 95 par Pasqua dans la LOPS. En résumé, le risque est devenu multiforme, poreux, le développement des espaces privés accueillant du public en masse (centres commerciaux, stades, etc) a aussi engendré de la délinquance. Pour répondre à cette nouvelle donne, il faut la « sécurité globale », un concept qui a fait florès après les attentats du 11 septembre. Comme l’Etat ne peut satisfaire toutes les demandes des citoyens pour lutter contre l’insécurité/sentiment d’insécurité, il doit déléguer et plus encore gérer la délégation.
La loi fondatrice de 83 devrait être revue l’année prochaine, comme l’a rappelé AEF Sécurité globale (ex - AISG) en introduction - bilan de l’année écoulée. Cette agence de presse spécialisée fait partie du groupe AEF, qui est détenu par Raymond Soubie, l’ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy. A la fin de la soirée, l’animateur de la soirée a demandé à Denis Fortier, le directeur de l’AEF, s’ils allaient faire « plein de communiqués demain ». Il a répondu en riant qu’ils feraient des dépêches « en toute indépendance, comme d’habitude ».
Sur la refonte de la loi de 1983, qui devrait arriver inch’allah au Parlement début 2014, Jean-Louis Blanchou a indiqué les points qui faisaient consensus : élargissement du champs des activités mais aussi coopération avec les forces de l’ordre. Claude Tarlet a clos le chapitre d’un « rien n’est figé », guère engageant.
Marché en hausse
On a aussi appris que le marché se portait mieux, avec un CA en hausse de 2,5% en 2012 pour la prévention-sécurité, selon un « confidentiel » tout frais de l’AEF, et que « tout ce qui a trait aux solutions technologiques marche bien ». Manuel Valls et ses forces de l’ordre 3.0 fantasmées dans le cadre des devoirs de vacances du gouvernement ne diront pas le contraire.
Les débuts du Cnaps ont également été évoqués, pour dire que la machine fonctionne bien dans l’ensemble, même si les délais de délivrance des cartes sont longs parfois. Ça marche même trop bien au goût de Guy Roulleau, président de Samsic Facility : « Lâchez un peu les grandes entreprises, on a déjà le fisc, la médecine du travail..., occupez-vous des petites entreprises », bref là où se concentre les problèmes notoires du secteur (travail au noir, entre autres). Il est vrai qu’en 2009, la SNCF n’a pas été pointée du doigt pour avoir fait travailler une entreprise dont certains salariés étaient sans-papiers.
Vient ensuite la présentation du jury, où l’on retrouve Dominique Legrand, le président de l’association nationale de la vidéoprotection (AN2V), un lobby de la vidéosurveillance très actif auprès des collectivités, Eric Delbecque, présenté comme « l’intellectuel » car il dirige le Département Sécurité Economique de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ, ex IHESI), un think tank public qu’une partie de ce petit milieu a fréquenté comme auditeur, voire plus, Alain Juillet, le président du CDSE, membre du Cnaps en tant que « personnalité qualifiée », etc. Alain Juillet a regretté qu’il n’y ait pas assez de femmes - 2% ? 3% ce soir ? - : « On va y arriver peu à peu, elles font ce métier aussi bien que les hommes. »
Histoire de convaincre la gente féminine que le milieu est sympathique, Jo Querry fera une fine plaisanterie. Jo Querry est un ancien grand flic qui est devenu responsable de la sécurité du groupe Accor, et il a été accusé d’avoir comploté contre DSK : « Que les féministes me pardonnent, j’aurais choisi une autre personne que Nafissatou Diallo, je n’aurais pas pensé qu’elle plairait à DSK. » Rires gras comme un paquet de chips dans la salle.
La remise des trophées a commencé par le titre de « meilleure innovation d’un grand groupe, d’une PME ou d’une start-up ». La présentation de chaque candidat était faite par Richard Olszewski, conseiller délégué à Roubaix et Lille Métropole, qui avait semble-t-il lu le dictionnaire des citations avant de préparer son texte. Par exemple : « les ennuis, c’est comme le papier toilette, on tire une feuille, il en vient plusieurs. »
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Le « robot mobile de surveillance » de la société Eos innovation, équipé d’une caméra.
Hypervision, panomorphisme, surveillance en continu
Ce premier prix a été l’occasion de disserter sur une des antiennes de la soirée, le couple homme-machine. L’avenir est aux solutions « globales et intégrées, mi-humain, mi-technologique », à la « surveillance en continu, souple et adaptable », qui participe à l’« hypervision », le début d’une « nouvelle ère ». Par exemple les caméras de Fujifilm font du « panomorphisme », en clair des images elliptiques. La société Vigie aviation a aussi été nommée, pour ses petits avions équipés de caméras qui filment en temps réel, et capable de passer sur certains territoires où les drones ne passent pas. Pour le moment, l’entreprise est plutôt orientée surveillance de la nature.
Dans cette optique, Siveillance™ Fusion de Siemens, « la solution conviviale pour améliorer et centraliser la sécurité de votre infrastructure en toute sérénité », une « technologie de pointe pour une sécurité globale », a été saluée comme « la passerelle vers le business de demain », .
Mais attention, « la technologie ne remplacera jamais l’homme, à qui il restera toujours l’analyse ». A se demander pourquoi on parle de vidéosurveillance intelligente. Peut-être parce qu’il faut « changer leur business model pour gagner encore plus d’argent » ?
Querelles de syndicats
Un clip de promotion de l’ANAPS a été diffusé ensuite. L’ANAPS est une alliance de syndicats patronaux lancés l’année dernière, entre autres poussée par le ministre de l’Intérieur qui voulait un interlocuteur unique. Une des images montre d’ailleurs Manuel Valls aux côtés de Claude Tarlet, se réjouissant de cette création. Claude Tarlet a pris la tête de l’ANAPS, ce qui n’a pas arrangé les relations avec le SNES, le grand rival, qui accuse l’ANAPS d’être un hydre bouffeur d’identité, une émanation de l’USP. Ce qui n’est pas faux puisque, comme le notait le blog 83-629 (à suivre si la sécurité privée vous intéresse), « sur 11 organisations, 4 sont issues directement de l’USP ! Donc l’ANAPS c’est pratiquement 40% des "organisations" adhérente issues de l’USP "pure" ! Les autres sont tellement spécifiques dans un pan de la sécurité privée, qu’elles n’ont aucune représentativité sur le sujet de la surveillance humaine, qui est le "moteur principal" du monde de la sécurité privée ! »
Le représentant du SNES a redit au micro qu’il garderait son autonomie. Ça n’empêchera pas l’ANAPS de faire ce pour quoi elle a été créée : « du lobbying, c’est indispensable, il faut être capable demain de peser au Parlement si des amendements ne vont pas dans le sens des entreprises. » Interrogé ce mardi au salon APS, Claude Tarlet m’a expliqué qu’il avait déjà « un cercle de parlementaires ».
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Claude Tarlet, le président de l’USP, le principal syndicat patronal
On a entendu aussi beaucoup le mot « incivilités ». La Poste a par exemple été nommée dans la catégorie « meilleur projet d’une direction sécurité d’une entreprise, d’une ville ou d’une administration publique » pour son action contre ces « incivilités ». La sociologue Carole Gayet-Viaud explique très bien dans cette interview les origines de ce terme fourre-tout, qui, comme la vidéosurveillance, est décliné à droite comme à gauche. Elle relève au passage : « les institutions qui accueillent du public (La Poste, les mairies, Pôle emploi) ont une responsabilité. L’association d’usagers de la ligne 13 vous dira que la possibilité d’être civils commence par celle de ne pas se monter les uns sur les autres dans le métro. »
Les vols de câbles, « un des grands maux de notre société aujourd’hui »
Il a aussi été question des vols de câbles, « un des grands maux de notre société aujourd’hui », selon Richard Olszewski. Pas la faim, pas la maladie, pas le suicide.
A noter qu’il y avait un trophée « meilleure démarche sociétale et citoyenne » (sic), remis par Eric Delbecque. « Il y a des gens qui disent que je suis un garçon détestable ». Pour montrer qu’il a de l’humour, Eric Delbecque a cité Audiard : « Un intellectuel assis va moins loin qu’un c** qui marche ». Et puis il a imaginé qu’Alain Juillet était Lino Ventura dans Les tontons flingueurs.
En conclusion, la sécurité de demain a été évoquée, avec des dynamiques membres du Club des Jeunes Cadres en Sûreté (CJCS) et Pierre-Antoine Mailfait, ancien commissaire, secrétaire général de l’USP, co-organisateur d’un colloque d’où sortira l’important Livre blanc de 2008 sur « la participation de la sécurité privée à la sécurité générale en Europe », préfacé par Nicolas Sarkozy.
Les drones sont revenus sur la table, qui « génère de l’emploi, a rappelé Denis Fortier, la législation est favorable, il existe un tissu de start-ups, c’est un marché gigantesque. Mais la France a dû acheter des drones américains ».
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